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juliensabi93

PARTIR. RECOMMENCER. CONSEILS POUR CHANGER DE VIE.

Dernière mise à jour : 30 mars 2024

Qui n'a jamais rêvé de tout quitter du jour au lendemain et partir à l'autre bout du monde, démarrer une nouvelle vie, se libérer des contraintes matérielles et d'une vie déjà faite et trop bien rangée, afin de se livrer à l'aventure et se révéler pleinement ? Ou bien vouloir changer de ville, de région, d'environnement, que ce soit pour des raisons professionnelles, économiques, sentimentales ? Ou, hélas, partir, loin, pour fuir une souffrance, un lourd passé, une ou des relations toxiques, un environnement anxiogène, ou des perspectives peu reluisantes ? Qu'en est-il véritablement, lorsque le fantasme devient un projet et que le projet devient réalité ? Que faut-il attendre ? Comment faire son choix ? C'est ce que nous allons élaborer aujourd'hui à travers cet article.


PARTIR VIVRE A LA CAMPAGNE


Ces dernières années, de plus en plus de citadins ont décidé de quitter leur ville moyenne ou même leur métropole, dans l'optique de s'installer à la campagne, afin d'y trouver davantage de calme, de sérénité, de verdure, d'espace et un rapport à l'autre moins hostile. Cela peut être tout à fait légitime et judicieux, mais il est important de prendre pleinement conscience de plusieurs paramètres fondamentaux. Premièrement, l'urbanisme et la ruralité ne se limitent pas qu'à de simples différences environnementales telles que le calme versus le stresse, ou la nature versus le béton. Ce sont deux mondes qui s'opposent en de très nombreux points, ancrés profondément à travers une charnière indissociable. Tout d'abord, il faut définir les différents environnements au sein même de la ruralité. Le village de trois-cents habitants emplie d'agriculteurs, d'artisans et maraichers au milieu d'une région respirant le goût pour la tradition, la transmission, une certaine identité locale et des moeurs typiques n'est pas la même ruralité que les villages composés de nombreux lotissements aux quartiers résidentiels, situés à dix ou quinze kilomètres de la ville principale. La première campagne est plus difficile d'accès et littéralement coupée du modernisme et du progressisme tel que nous les connaissons, mais son cadre et son mode de vie ainsi que les fortes personnalités attachantes que l'on y rencontre peuvent créer en nous un effet médicinal, un antidote face aux maux de notre société. La seconde ruralité reste globalement agréable et bénéficie des mêmes qualités environnementales, mais la vie et les mentalités sont, souvent, bien différentes. Ces villages sont essentiellement peuplés d'anciens banlieusards et citadins de classe moyenne, ayant fui la banlieue dû à son évolution catastrophique, et les grandes villes dû au coût devenu trop élevé. Ces zones que je qualifierais de semi-rurales ont la particularité de subir le pire de la campagne, à savoir les déserts médicaux, sociaux, culturels et économiques, en même temps que le pire de l'urbanisme, avec des jeunes générations en perdition, de la violence, des codes de langage, vestimentaires et de comportement quasi identiques à ceux de la banlieue, en excluant l'aspect religieux et la criminalité. Ces lieux sont les moins couteux et les plus accessibles dû à un contraste moins conséquent avec la vie urbaine pour les raisons que je viens d'évoquer, mais mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de s'y installer.

Ensuite, partir vivre à la campagne, c'est aussi changer drastiquement son mode de vie. Oubliez les bus, les trams, le métro et le train, et même votre trottinette électrique ; votre seul et unique compagnon de route sera la voiture (ou le deux-roues). Faire ses courses, effectuer des démarches administratives, emmener ses enfants à l'école ou aux loisirs, aller dans des lieux de sorties et de culture, se soigner... Tout ce qui était relativement aisé auparavant deviendra un parcours où les dizaines puis les centaines de kilomètres s'enchaineront à vitesse grand V. En effet, la ruralité ayant été abandonnée par nos services publics et la volonté de transformer notre pays, autrefois essentiellement rural, en urbanisme généralisé, cela a causé une désertion des villages faisant office désormais de "dortoirs" dans lesquels la voiture ne peut être aucunement une option. Cependant, l'air pure, la maison avec jardin, la présence d'animaux récurrente et les points de nature tels que des forêts, des lacs, des étangs, des canaux et des rivières deviendront le tableau de votre nouveau quotidien. En cherchant bien, vous trouverez des commerces authentiques, en circuit-court, des produits d'artisans, et ce à un prix défiant toute concurrence. Si la campagne attire autant, ce n'est pas sans raison.


PARTIR VIVRE EN VILLE


Les raisons évoquées plus haut quant à la désertion des campagnes et les faibles perspectives d'avenir poussent, depuis bien longtemps, beaucoup de ruraux à s'installer en ville moyenne ou grande. En effet, si vous êtes jeune, que vous avez des capacités, des ambitions, et/ou que la précarité, hélas, fréquente en zone rurale et semi-rurale, vous pèsent profondément, devenir citadin est un choix logique. Dans les grandes villes et les villes étudiantes, le mot d'ordre, à mes yeux, est la facilité, ou du moins, l'accessibilité. Certes, la vie y coûte plus chère, notamment les loyers où vous pourrez facilement multiplier le prix par deux voire par trois pour une surface inférieure, l'alimentation est plus élevée également, mais toutes les opportunités, tous les plaisirs et tous les besoins vous entoureront en permanence, prêts à vous servir. Vous n'aurez qu'à sortir de chez vous et marcher ou rouler en trottinette électrique quelques minutes pour atteindre chaque destination. Lorsque la distance sera plus conséquente, des bus, des trams, des trains, des taxis, des navettes et, dans le cas des métropoles, des métros et RER desserviront l'ensemble toute la journée. Si, comme moi, vous êtes amoureux de l'art et de la culture, de la musique, des livres, du théâtre et autres, c'est en ville que vous trouverez votre Elixyr. Pour vous soigner, vous aurez accès à de nombreux médecins et spécialistes dans un rayon d'une petite poignée de kilomètres seulement. Concernant l'emploi, l'argent et les perspectives d'avenir, nul besoin de vous faire un dessin. L'ensemble de l'activité économique vie et se construit au sein du monde citadin.

Cependant, il est important de prendre en compte certains paramètres quant à ce changement drastique d'environnement. Tout d'abord, le point fondamental à garder en mémoire (et ce point est valable dans tous les cas de figures abordés ici), nous ne sommes pas des pages blanches. Cela signifie que lorsque l'on arrive quelque part, nous emportons avec nous les bagages avec lesquels nous nous sommes construits. Notre éducation, nos us et coutumes, nos souffrances, notre vécu singulier remplissent nos valises indéniablement. Changer d'environnement, c'est aussi changer de monde, ce qui va bien au-delà de simples modifications géographiques et d'habitudes. Lorsque vous évoluerez en environnement citadin, le rapport à l'autre changera du jour au lendemain. En ville, nous croisons un flux de personnes, de foules souvent très conséquent, pourtant le sentiment de solitude y est plus marqué. Si vous êtes étudiant(e) et que vos bagages - comprendre votre passé et tout ce que cela implique- sont légers, cela ne devrait pas poser problème. Il suffira de s'adapter à la légèreté plus présente auprès des jeunes citadins (la qualité de vie créer forcément une influence dans le comportement, la façon de vivre et la vision du monde), les centres d'intérêts différents (davantage axés sur l'intellect, la culture ou encore la technologie, l'informatique, l'économie ou la politique) et cela roulera pour vous, ce sera même une expérience extrêmement gratifiante. Cependant, si vous êtes salarié ou demandeur d'emploi, que vous avoisinez ou avez dépassé le cap de la trentaine et que vos bagages sont plus chargés (traumatisme, rupture douloureuse voir divorce, précarité, amitiés déçues, etc), alors l'adaptation, d'un point de vue social, demandera un certain effort. Les gens citadins de votre âge auront leurs amis, parfois de longues dates, leurs habitudes, leurs cercles parfaitement établis (et souvent restreints). Le travail prendra beaucoup de votre temps et de votre énergie, ce qui ne facilitera pas l'intégration sociale et relationnelle. De plus, la charge de vos bagages causeront un décalage plus ou moins important avec les gens que vous rencontrerez, jusqu'à parfois creuser un véritable fossé. Avec des efforts et une bonne observation, vous parviendrez toutefois à rencontrer des personnes agréables, chaleureuses et bienveillantes, mais ce fossé vous reviendra au visage tôt ou tard, inévitablement. En ville, la technologie est omniprésente et prend le pas sur le rapport humain. Les gens sont ultra-connectés tout en s'isolant et se renfermant au travers d'une identité virtuelle. Cela n'est pas sans conséquence, surtout lorsque l'on s'est construit selon un modèle très différent.

De plus, les problèmes des citadins n'ont, parfois (je dis bien "parfois") que peu à voir avec ceux que vous avez pu expérimenter. Vous entendrez des plaintes, allant même sur un ton très hostile et agressif voir insultant, qui vous sembleront des plus futiles, dignes d'enfants gâtés. Elles proviendront d'adultes et sachez qu'en ville, sans être omniprésent (ne caricaturons pas), cela est récurrent. Beaucoup de citadins sont habitués au confort, tout doit aller vite, toujours plus vite, facilement, et comme ils l'entendent, tout de suite maintenant. C'est ainsi, vous n'y changerez rien. La faute ne revient pas tant "aux citadins" mais au rapport au temps qui est radicalement différent. En ville moyenne et grande ville, le temps vous échappe. Il faut lui courir après, en quasi permanence. Cela rend le caractère parfois plus nerveux, plus facilement agacé, plus autocentré et peut pousser des gens tout à fait respectables et équilibrés à se comporter, disons-le clairement, comme des imbéciles de premier ordre. Cela ne fait pas d'eux de plus mauvaises personnes pour autant, bien au contraire. En ville, vous trouverez des gens extrêmement sympathiques, intelligents, ouverts et à l'écoute, lorsque le côté parfois un peu rustre du monde rural peut empêcher de permettre à cette autre part de nous, plus sensible, plus introspective, d'exister pleinement. Nous sommes tous conditionnés par notre environnement. Tous sans exception. Il faut simplement accepter le compromis et cette part de solitude qui se fera sentir en certaines occasions. Rien d'alarmant.


PARTIR VIVRE A L'ETRANGER


Pour ce qui est de partir vivre et/ou travailler à l'étranger, cela signifie un bond dans l'inconnu le plus total, mais reste le choix le plus exaltant, bien que périlleux. N'oubliez jamais qu'ailleurs, l'étranger, c'est vous. Personne ne vous attendra, personne ne vous fera de cadeau, hormis d'éventuelles connaissances, proches ou membres de votre famille vivant sur place. Pour le reste, mieux vaut s'armer de patience, partir avec un capital financier conséquent, et, encore une fois, alléger ses bagages au maximum. Le cliché de la scène finale de comédie romantique, où l'un des protagonistes prend le premier avion pour les Etats-Unis après une rupture, donc une souffrance potentiellement forte et ancrée, est une grave erreur. Votre environnement changera et vous en sentirez les effets très rapidement, mais vous, ce qui vous constitue et les maux qui vous ont causé de la souffrance, eux, feront le voyage à vos côtés. Non traités, ils se développeront et prendront le dessus sur vos émotions, d'autant plus facilement que vous serez indéniablement fragilisé par la situation où tout est à (re)construire. Si un pays étranger vous fascine et alimente vos rêves éveillés, foncez, mais faites-le intelligemment. Préparez-vous des mois voire des années à l'avance, placez un maximum d'argent de côté, préparez vos changements professionnels, vos démarches administratives, prévoyez un plan concernant la façon dont vous vous logerez (chez de la famille ou amis sur place, acheter une maison ou un appartement, loger chez l'habitant ou en colocation le temps que votre situation se stabilise...) et partez l'esprit apaisé. Quitter son pays n'est évident pour personne, même pour l'esprit le plus sain et le plus solide possible. N'oubliez jamais cela.


REFLEXIONS ET CONCLUSION


Le dernier point que je souhaiterais aborder avec vous est probablement l'un des plus importants, si ce n'est LE plus important. Lorsque nous partons, nous savons ce que nous "perdons". Ce mot n'est pas anodin. Les mots ont un sens, et celui-ci, dans ce contexte, est déterminant. La destination est la quête, mais le point de départ que nous décidons de quitter contient ce que je nommerais des victimes collatérales. Partir, c'est quitter le lieu où l'on a grandi, les amis, copain/copine et membres de notre famille que nous aimons, et cela, croyez-moi, mieux vaut s'y préparer car une fois la destination atteinte et le but acquis, le dernier soucis auquel vous serez confronté sera le vide que ces êtres aimés et cet ancien "chez-vous" laisseront derrière eux. Vous entendrez les gens autour de vous raconter leurs weekends avec leurs amis de longue date, leur père, leur mère, frères/soeurs, enfants, lorsque les relations avec les vôtres se résumeront le plus souvent à quelques messages et des appels téléphoniques. Vous entendrez les êtres aimés vous faire part de leur évolution, des évènements survenus, et garderez à l'esprit, quelque part au fond de vous, que bien que le contact reste, vous n'êtes plus présents pour eux et eux pour vous. Si vous avez les moyens et la possibilité d'effectuer régulièrement le voyage inverse afin de les retrouver, c'est idéal, mais si ce n'est pas le cas, vous devrez apprendre à gérer le vide et le manque. Sachez que pour cela, il n'existe aucun mode d'emploi. Ce que je préconiserais afin d'y pallier le plus sainement possible tient en deux mots : l'amour et/ou la passion. Si vous trouvez l'amour sur place, le véritable amour (et non des relations éphémères qui ne feront qu'un effet pansement), alors le vide et le manque seront atténués, le degré deviendra bien plus gérable. Si vous avez une passion, une activité saine, productive et positive à laquelle vous consacrez, c'est excellent. Ces deux notions sont, selon moi, les plus efficaces pour remplir ce vide que les victimes collatérales causeront (involontairement, bien entendu).


En conclusion, partir est un rêve pour bon nombre d'entre nous, mais mieux vaut se préparer le plus sérieusement possible avant de plier bagage, afin de ne pas gâcher cette aventure et cette opportunité qu'est le départ vers une vie différente, qui nous conviendrait davantage et qui pourrait, éventuellement, nous rendre plus heureux. La vie est courte et nous n'en possédons qu'une. Un des éléments les plus importants est aussi et surtout de ne jamais avoir de regrets. De plus, si l'environnement actuel est synonyme de souffrance, de violence, d'anxiété ou de précarité, n'hésitez plus. Préparez-vous et foncez ! Malgré les difficultés, ce changement ne vous sera que bénéfique. Eloignez les éléments toxiques qui vous entourent et vous tourmentent, faites le ménage dans votre vie, orientez-vous vers un professionnel (la psychanalyse est ce que je conseille vivement dans ce cas), construisez-vous un capital financier suffisant et partez.





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