Un documentaire est sorti très récemment sur la plateforme Netflix, intitulé "les vérités de Jennifer", retraçant une affaire sordide méconnue ayant eu lieue en 2010 dans une bourgade du Canada. Qu'en penser ? Ce sera l'objet de cette chronique.
Très vite, on se laisse happé par la mise en scène et l'ambiance sombre et haletante. Jennifer est d'abord présentée comme une victime survivante d'un cambriolage qui aurait mal tourné, prise au piège par trois individus tuant sa mère et plongeant son père dans un coma artificiel. Mais très vite, des incohérences amènent le doute et nous interrogent. L'histoire devient rocambolesque, la supercherie de plus en plus évidente, et la personnalité de Jennifer de plus en plus intrigante. Jusqu'au dénouement final où l'impensable se produit.
Jennifer est une fille d'immigrés vietnamiens particulièrement strictes, travaillant très dur et investissant énormément d'espérances quant à la réussite sociale et professionnelle de leur enfant. Ils l'inscrivent au piano à l'âge de quatre ans et la poussent à l'isolement afin de maitriser son art et rafler tous les prix de toutes les compétitions auxquelles elle peut participer. Intransigeants également dans sa scolarité, son avenir est déjà écrit : elle sera médecin ou pharmacien. Cependant, sa réussite scolaire n'est pas au rendez-vous, elle a des difficultés (du moins du point de vue d'établissements visant l'excellence), et n'ira jamais à l'université. Qui plus est, elle fréquente depuis de longues années un certain Daniel, un jeune fils d'immigré également, connu pour petit trafic de stupéfiant, travaillant comme pizzaiolo, que les parents de Jennifer haïssent. Ces derniers ne l'ont jamais invité à la maison, tentent de détruire la relation, répétant que le jeune garçon n'est pas suffisamment bien pour leur fille, qu'il ne gagne pas suffisamment d'argent etc. Jennifer, en échec et sous l'emprise, étouffe intérieurement. Daniel est, à ses yeux, tout ce qu'elle possède, sa bouée de sauvetage, celui vers qui elle se tourne systématiquement lorsque les mauvais nuages approchent. Un mal être se développe peu à peu, et alimente en elle une haine viscérale enfouie envers ses parents. Maline et machiavélique, elle commence à leur mentir. Elle fréquente Daniel dans l'ombre, leur invente quatre années de scolarisation au sein d'une université de Toronto, créant de faux documents, un faux diplôme... Cette capacité à mener une double vie, accompagnée d'une forte détermination et, d'évidence, une névrose psychotique non traitée, la pousseront à franchir la ligne rouge pour de bon.
Le documentaire est très bien mené, passionnant à suivre, et très révélateur de ce que la souffrance enfouie et le sentiment d'oppression peuvent engendrer, en certaines circonstances. Je reprocherais toutefois le jugement moral trop marqué en dernière partie de documentaire, typique des américains, cherchant à glorifier les uns et diaboliser les autres sans mesure. Bien entendu que l'acte, le crime, est atroce, dramatique et se doit d'être condamné, mais il est bien plus judicieux de comprendre le mécanisme, même du pire, plutôt que de coller des étiquettes qui, bien souvent, sont erronées dans un sens comme dans l'autre.
Je vous recommande vivement ce documentaire et vous souhaite un bon visionnage !
Si cela vous plait, n'hésitez pas à le notifier afin que je réalise d'autres chroniques par la suite. Mes autres articles et nouvelles gratuites sont également à disposition sur la page "blog", et mon dernier ouvrage toujours disponible à la vente ("le temps de l'espérance", sur la page "livres" et "portfolio"). Merci !
Comments